« Tuera bien qui tuera le dernier »
« Rira bien qui rira le dernier ». Le proverbe est en train de devenir, si on en croit l’actualité de ces derniers jours : « Tuera bien qui tuera le dernier ».
En effet, si chaque matin, tu ne fais qu’éveiller ton mental avec ses mémoires, ses attentes, sa violence et ses peurs, un mental plus grand que le tien ne tardera pas à t’envahir (inconscient collectif ou père du mensonge ?)
Tu verras toute chose de manière confuse et hostile. Tu verras l’autre comme un rival ou un ennemi ; et pour assurer ta sécurité, ton confort ou ta domination, tu n’hésiteras pas à le tuer et à supprimer tout ce qui fait obstacle à ton devenir ou à ton progrès.
Mais si chaque matin tu éveilles ta conscience et ton cœur, si tu les places dans une conscience et un cœur, plus vastes, tu seras libre et heureux. Tu verras toutes choses dans l’unité, « l’autre » qu’il te plaise ou ne te plaise pas, tu le reconnaîtras et tu le respecteras comme une manifestation différente de la Vie unique que tu partages avec lui. Tu l’aimeras comme toi-même, « tu ne tueras pas »…
Être dans le cœur, plutôt que dans le mental, discerner l’interrelation de tous les êtres plutôt que leur opposition ou séparation passagère, n’est-ce pas dangereux ?
On risque en effet, d’être anéanti, tué au moindre détour ?
Mieux vaut être tué que tueur.
Ne pas tuer, ne veut pas dire ne pas combattre et ne pas s’affronter à la violence, à la volonté de puissance, en nous et hors de nous ; c’est ne pas ajouter de la violence à la violence, découvrir une forme plus haute de puissance et de conscience qui peut nous permettre de vivre en paix nos différences…
Être tué injustement, c’est découvrir ce trou que nous avons dans le cœur et dans ce trou la lumière et le pardon où nous attendons nos bourreaux et nos ennemis…
Ta vie alors, on ne te la prend pas, c’est toi qui la donnes. Mieux vaut mourir en seigneur plutôt qu’en esclave, c’est-à-dire le cœur ouvert, sans rancune, plutôt que le cœur abruti ou dévasté par la haine, la violence et la peur…
Jean-Yves Leloup, mars 2024
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