Quand Job lui demande, pourquoi le mal, l’injustice, la souffrance, pourquoi moi ?
Dieu semble répondre à côté :
« Regarde les pâquerettes, l’épervier, l’aurore ou un monstre marin… ».
Est-ce qu’Il se moque de lui ?
Suffit-il de regarder des pâquerettes pour trouver du sens au non sens ? à l’absurdité de toutes nos souffrances accumulées et de toutes nos plaintes jamais totalement exhalées, « Regarde les pâquerettes … !

Seul celui qui a vraiment souffert, sait ce qu’est une pâquerette !

Pour ce qui me concerne, je sais que je suis encore vivant grâce à l’une d’elle. Elle n’était même pas dans un champ, mais dans un verre en plastique à l’aéroport, laissée là sans doute par une enfant, parce qu’une pâquerette, vous le savez, ça ne passe pas la douane …

Lacan disait « le Réel c’est ce contre quoi on se cogne ».
On ne se cogne pas à une pâquerette et pourtant, à certains moments de détresse et d’abandon, il n’y a pas d’autre Réel.

Si nous avons la sensibilité nécessaire pour recevoir les coups et la mémoire pour nous en plaindre, pourquoi en avons-nous si peu pour recevoir la tendresse et la mémoire pour nous en souvenir?

« Regarde… » les signes très discrets que nous ne sommes pas seuls à être seuls.

La pâquerette, elle fleurit parce qu’elle fleurit et elle se fane parce qu’elle se fane, « sans pourquoi » – la vie, la mort…c’est ainsi.

Job, comme chacun de nous, a besoin d’être caressé par cette évidence.
Le Réel cogne parfois à notre porte avec des gants de velours, ou comme un enfant qui nous offre sans le savoir une pâquerette…, juste un brin d’aurore …

 

Crédit photo ©Catherine Arto

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