Quelle est cette petite voix, qui demande à un adolescent de tuer sa professeur d’espagnol ?
Quelle est cette petite voix, qui demande à un jeune homme russe de torturer celui qui, quelques semaines auparavant, il considérait comme son frère.
La voix de Poutine sans doute ? Celui qui a commandé d’envahir l’Ukraine ; mais Poutine lui-même ne se dit-il pas inspiré par une petite voix qui lui demande de sauver la Russie, de restaurer sa gloire et de lutter contre un occident corrompu, expansionniste et pervers ?
Quelle est cette petite voix, qui demandait à Hitler d’exterminer tous les juifs considérés comme entraves à la réalisation de ce que « sa voix » considérait comme « la grande civilisation » ?
A la même époque, quelle est cette petite voix, qui faisait dire à un alsacien qu’il appartenait au peuple allemand, quand une petite voix faisait dire à un autre alsacien, qu’il appartenait au peuple français ?
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Nous sommes tous traversés par des multitudes de voix, quand ce n’est pas celle de Dieu (quel Dieu) ou du diable, c’est celle de twitter, de youtube ou de notre réseau d’information préféré …
Toutes ces voix ne nous invitent pas au meurtre ou à la guerre ; il en est même qui nous disent « carpe diem », « soit heureux », « tiens-toi tranquille »… ou : « tu ne tueras pas », « tu aimeras ton prochain », « tu aimeras tes ennemis »…
D’où viennent toutes ces voix ?
Sans doute du pire et du meilleur de nous-même ?
« On reconnaît un arbre à ses fruits » mais d’où nous vient le discernement et la force d’acquiescer au meilleur et de résister au pire ?
On goûte parfois à des fruits, et on ne sait pas de quel arbre ils viennent …
Faut-il écouter la voix de sa raison ou la voix de son désir ?
Mais le désir comme la raison peuvent nous conduire au pire comme au meilleur…
Écouter le silence ?
Il ne nous dit rien, il nous oblige comme noblesse oblige à être ce que nous sommes, avant et au-delà de tout ce bruit, toutes ces petites voix que nous croyons être.
Écouter le silence, ce n’est pas seulement un paradoxe (un de plus), c’est un excellent exercice de « grande santé » pour les psychismes agités que nous sommes, mais comment « toucher » ce silence me demandait récemment une amie ?
Quand la main, le cœur, l’intelligence, renoncent à toute saisie ?
Simplement « être là, dans l’Ouvert », nous révèlerait notre humanité profonde ?
- « Qui est mon maitre ? A l’écoute de notre maître intérieur », Ed. du Châtelet, 2021
Photo @Jean-Yves Leloup
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