
« Nés pour naître »
Nous ne sommes pas seulement nés pour mourir, nous sommes nés pour naître. Naître à une vie plus haute et plus simple, qu’on appelle aussi la vie de l’Esprit ou la vie véritable, éternelle.
Cette nouvelle naissance, c’est bien dans la chair de notre peu de temps que nous avons à la vivre, comme c’est dans la chair d’un enfant que nous apparaît le Christ, archétype de tous les vivants faits de terre et de ciel, de matière et de lumière, de stupidité et de sagesse…
Si nous introduisons un peu de conscience et d’amour dans les pesanteurs que nous sommes, la grâce pourrait bien se manifester : un grand bol d’air pourrait bien faire chavirer nos entrailles…
Une insatisfaction chronique nous avait déjà avertis, « une démangeaison des ailes » nous avait déjà rappelé que nous étions faits pour l’espace et le grand air, et voici : « il est né le divin enfant », l’homme est en train de naître au ciel. Qui l’arrêtera ce train et cet entrain ?
Et pourtant nous sommes si nombreux à vouloir rester sur le quai de la gare, le quai de gare de nos habitudes et de nos peurs où l’inconnu nous appelle et nous effraie…
Naître à Dieu résonne comme un adieu ; adieu à un passé qu’on ne peut pas retenir, « la vie continue ». À chaque instant, nous sommes en train de naître, et mourir c’est encore naître à une vie moins étroite.
« Naître ou ne pas naître ? ». Là est la question. Accueillir ou ne pas accueillir cet éternel enfant que nous sommes, dans la fraîcheur « grotesque » de l’instant, telle est l’énigme partagée d’un vieil âne et de son ami le bœuf.
Jean Yves Leloup – décembre 2025
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