Prière du cœur
Prière du cœur

En 313, l’Édit de Milan proclame la paix et offre à la chrétienté un statut légal.

L’Église entre dans l’histoire, mais elle demeure habitée par des hommes qui se sentent à l’étroit dans ce monde et veulent déployer leur infinie capacité d’amour au-delà des frontières de l’espace et du temps. Anticipée par les ermites d’Égypte, une réaction violente s’oppose au conformisme de l’Empire de Constantin, trop rapidement proclamé chrétien. Au baptême du sang des martyrs va succéder le baptême de l’ascèse…

…Ces hommes, qu’on appellera plus tard les « pères du désert » sont les ancêtres des hésychastes, dont la tradition, du IVe siècle jusqu’à nos jours, demeure ininterrompue.

On a trop souvent donné à l’hésychasme un sens historique trop restreint, réservant l’appellation d’hésychastes aux mystiques byzantins du XIVe siècle, alors que le mot est déjà bien établi comme terme technique dans la première moitié du VIIe siècle.

…Qu’est-ce que l’hésychasme ? Ce terme, en langue byzantine, désigne un système de spiritualité ayant pour principe l’excellence, voire la nécessité de l’hésychia. Hésychia veut dire : tranquillité, silence, quiétude…

…C’est dans ces milieux (hommes et femmes retirés dans le désert) que s’élaboreront petit à petit les techniques d’oraison et plus particulièrement la prière du cœur – ou prière à Jésus – considérée encore aujourd’hui comme l’ « âme de la spiritualité orientale. »

Cette tradition spirituelle a eu ses foyers de vie principaux dans les monastères du Sinaï à partir du VIe siècle et du Mont Athos, surtout au XIVe siècle avec Grégoire Palamas…

Depuis la fin du XVIIIe siècle, la « prière du cœur » s’est répandue en dehors des monastères grâce à la Philocalie publiée en 1782, par un moine grec, Nicodème l’Hagiorite, et éditée en russe peu après par Païsi Velitchkovsky… Les Récits du Pèlerin russe (fin du XIXe siècle), traduits en français en 1945 par Jean Gauvain et la présence d’Églises de la diaspora l’ont fait mieux connaître en Occident…

…Il ne faudrait pas, par exemple, opposer la prière du cœur et la prière liturgique. Ce sont deux voies différentes qui poursuivent le même but : l’union au Dieu Jésus-Christ…

Écrits sur l’Hésychasme, p.161/164