L’icône de la Trinité est une icône russe peinte par Andreï Roublev entre 1410 et 14271, dont le sujet est l’hospitalité d’Abraham, thème de l’Ancien Testament sur lequel se sont penchés les Pères de l’Église pour parler de la Trinité2.
Généralement traduite par « image ». La nomination ikon, qui vient du grec, a un sens plus profond, qui provient du verbe eiko, « c’est-à-dire faire de la place en se retirant devant Cela qui doit prendre toute la Place… ›› (Heidegger). À la différence d’une idole, l’icône s’efface devant ce qu’elle représente n’est que le signe visible d’un Invisible : le sujet ou l’hypostase proposé à la contemplation de celui qui ne saurait se contenter d’en rester le spectateur. Pour la tradition orthodoxe l’existence même des images, et leur vénération dans les églises, est une confession de l’incarnation du Christ et de toute l’économie du Salut. Cet aspect de la doctrine de la vénération des images est toujours resté assez étranger à l’Occident et à l’Islam. Il était cependant au cœur de la querelle iconoclaste, qui agita le monde chrétien de 726 à 787, et de 815 à 843 et il a toujours gardé une importance primordiale pour l’orthodoxie. Selon la tradition occidentale, la présence des images dans les églises se justifie par leur utilité catéchétique et pédagogique. Dès l’an 600, dans une lettre à l’évêque Serenus de Marseille, le pape Grégoire le Grand légitimait l’usage des peintures en disant qu’elles sont aux illettrés ce que les Écritures sont à ceux qui savent lire. On ne doit donc pas les détruire, mais il n’y a pas lieu de les vénérer. Ce texte restera l’autorité fondamentale pour l’Occident. Pour les Grecs au contraire, ce point de vue pédagogique est secondaire. Le recours aux images est une exigence qui découle du mystère de l’Incarnation lui-même. Comme l’enseignaient saint Jean Damascène et les docteurs byzantins, si le Fils de Dieu est réellement devenu homme pour notre salut, alors sans aucun doute possible, nous pouvons et devons le représenter par l’image, et nous pouvons aussi représenter les saints, qui sont ses membres. Rejeter l’image, c’est rejeter toute l’économie du salut accomplie par l’Incarnation du Christ. Dans son deuxième discours pour la défense des saintes images, Jean Damascène écrit : « Si nous avions fait une image du Dieu invisible, nous aurions commis un grand péché : il est en effet impossible de représenter par l’image ce qui n’a pas de chair, ce qui est invisible, inconcevable et dépourvu de forme. Mais lorsque Dieu assuma la chair et apparut incarné sur terre, vivant parmi les hommes, lorsque, dans son indicible bonté, il emprunta la nature, le volume, l’aspect et la couleur de la chair, nous ne commettons pas de péché en le représentant, car nous désirons ardemment contempler son visage. ›› Le lien entre l’icône et son prototype, tel que le conçoit la théologie orthodoxe, entraîne une conséquence importante. La chair du Christ n’est pas seulement unie à la nature divine dans la personne du Logos. En vertu de cette union, elle est intimement pénétrée et transfigurée par le rayonnement incréé de la nature divine. Or, parce que l’icône représente la personne du Christ selon son humanité, elle participe à cette imprégnation divine, elle est porteuse de grâce pour ceux qui la vénèrent.
Dictionnaire amoureux de Jérusalem, éd. Plon, p. 358/359