Hésychasme
« Certains moines orthodoxes pensent que Yeroushalaïm veut dire « cité de la paix ››, c’est-à-dire patrie de l’hésychia (paix et silence en grec). Le devenir de la ville est pour eux une longue ascèse : l’hésychia est une absence de tout souci, selon le commandement du Seigneur qui reproche à Marthe son agitation et son inquiétude. Il a dit à Ses apôtres : « Ne vous souciez pas ni du lendemain, ni de ce que vous mangerez, ni de quoi vous vous vêtirez. ›› Un chrétien devrait se libérer du monde pour trouver l’unique nécessaire : l’Esprit saint.
L”hésychia conduit à l’apatheia, cet état où l’homme transformé par l’Esprit saint ressemble à Dieu. L’apatheía chrétienne n’est pas celle des philosophes stoïciens. Il n’y a rien de dur en elle, et un saint est le contraire d’un indifférent. L’humilité l’a rendu paisible et il n’y a plus que l’amour qui brûle en lui, aussi voit-il toutes choses d’un œil égal.
Dictionnaire amoureux de Jérusalem, éd. Plon, p. 347/348
Quand en Occident, on parle du cœur, on entend généralement par là les émotions et les affections ; mais dans la Bible comme dans les écrits des hésychastes, le cœur a une signification beaucoup plus riche : c’est l’organe principal de l’être humain, physique et spirituel ; c’est le centre de la vie, le principe déterminant de toutes ses activités et de toutes ses aspirations. Le cœur inclut également les émotions et les affections, mais signifie bien davantage : il embrasse tout ce que nous appelons une « personne »
Écrits sur l’Hésychasme, p. 194
Le corps n’est pas un obstacle dans l’expérience mystique. La dépréciation manichéenne de la nature corporelle est étrangère à l’ascétisme chrétien…
…Le corps doit être spiritualisé, « devenir un corps spirituel » selon l’expression de saint Paul…
…Les méthodes employées par les hésychastes n’ont pas d’autre but que de préparer l’homme à cette transformation de tout son être sous l’emprise de la lumière divine…
Écrits sur l’Hésychasme, p.184
L’anthropologie de l’hésychasme est donc très biblique, c’est-à-dire très unitaire. Elle met l’accent sur les deux rythmes fondamentaux de notre existence psychosomatique, celui de la respiration et celui du cœur.
Écrits sur l’Hésychasme, p.209
Dans cette attitude d’assise silencieuse, d’attention au souffle et de présence au souffle…invoquer le Nom de Jésus : « Dis sur la respiration : Kyrie Eleison »…
Si nous répétons cette formule en français « Seigneur Jésus Christ, ayez pitié de moi » nous risquons d’en altérer le sens. Le Kyrie Eleison, que répètent les moines de l’Athos, a une autre qualité sonore et vibratoire que le « Seigneur aie pitié » en français.
La pitié de Dieu pour les anciens, c’est l’Esprit Saint, le Don de son Amour…
Maître historique, Maître Intérieur ou Maître Eternel, Jésus se rend présent par son Nom…
Écrits sur l’Hésychasme, p.123/124/125
Lorsque (le cœur, le corps et l’esprit) ces trois niveaux de notre être, avec les modes de conscience qui leur sont propres, sont rassemblés, unifiés, le Christ est réellement présent.
C’est là d’ailleurs un leitmotive de la méthode hésychaste. Rassembler les différentes composantes de l’être humain par une respiration profonde et par l’invocation du Nom, afin que descende sur nous la lumière de l’Esprit et que tout notre être soit transfiguré.
L’Évangile de Thomas, p.110
Humilité
…L’humilité c’est être ce qu’on est, c’est la vérité. Pas de fausse humilité, pas de dépréciation de soi. Pourquoi est-ce si difficile d’être soi ? Il faut être humble pour accepter ses dons.
Séminaire « La guérison de l’esprit »
L’Évangile de Philippe nous ramène à l’humilité, qui est une humilité libératrice. Accepter que c’est parfois au nom du Bien que l’on fait le plus de mal, au nom de Dieu et de Sa Justice que l’on commet les crimes les plus sanglants et les plus injustes, devrait nous délivrer du fanatisme. Accepter que tout acte, même le meilleur n’est jamais sans quelques mauvaises conséquences.
C’est avec le même pollen que l’abeille fait son miel et le frelon son venin. Les saints et malheureusement les inquisiteurs se réfèrent au même Évangile.
Tant qu’il y aura des mots, il y aura des maux, nous rappelle encore l’Évangile de Philippe
…Tous les mots que nous entendons dans le monde sont là pour nous décevoir.
S’ils étaient dans « l’Espace Temple » ils se tiendraient silencieux
Et ne désigneraient plus de réalités mondaines, Dans l’espace Temple (Eon) ils se taisent ( Log. 11, 1-11)
L’Évangile de Philippe, p.36
Homme
L’homme naît vieux, il mettra longtemps à devenir jeune. Je n’ai jamais été aussi vieux que dans ma jeunesse. Il m’est facile de croire que l’on porte en soi des étoiles mortes, il suffit de creuser un peu dans les couches encore si mal explorées de l’inconscient pour y retrouver la mémoire des univers…
L’Absurde et la grâce, p.14
©Catherine Arto