On ne peut pas demander à une pierre de se transformer en écume et de s’évaporer comme un nuage, il faudrait d’abord qu’elle devienne de l’eau.

On ne peut pas demander à quelqu’un d’aimer, il faudrait d’abord que sa matière, son cœur de pierre devienne un cœur de chair, un cœur liquide, capable de se donner…

Comment est-ce possible ?

Il ne suffit pas de dire que c’est notre nature originelle ou que c’est une grâce, l’important c’est l’exercice par lequel un cœur dur, devient sensible, vivant, conscient, aimant…

Cet exercice n’est-ce pas l’attention ?

Une attention profonde, incessante, à tout ce qui est, et à tout ce que je suis, physiquement, affectivement, intellectuellement, spirituellement.

Une attention pénétrante jusqu’à découvrir que je ne suis pas ; que je n’ai pas l’être, la vie, la conscience, le désir, par moi-même ; « Je suis est un autre » qui me donne l’être, la vie, la conscience, le désir…

Il m’est donné d’être « Je suis »

« Je suis », avant d’être un être aimant est un « être aimé ».

Ma conscience d’être est conscience d’être donnée.

L’Évangile ne nous demande pas d’abord d’aimer, mais d’abord d’être aimé ;

« Si tu savais le don de Dieu »

Il n’y a rien à faire pour être aimé ou faire ce qui pour beaucoup est le plus difficile : accepter d’être aimé, gratuitement, inconditionnellement…maintenant, quand tout semble me le prouver ou me prouver le contraire.

Accepter cette expérience d’être aimé, accueillir notre être comme donné, être attentif, observer ce que cela fait à nos sens, à notre cœur, à notre esprit.

Être attentif au souffle qui, en moi, dit : « Je suis », mais plus encore dans la conscience de son origine silencieuse, insaisissable : « Je suis aimé »

C’est à partir de cette expérience, qu’à notre tour nous pourrons peut-être aimer ; le cœur brisé, devenu liquide par une évidence qui nous élargit et nous traverse.

Cet amour peut avoir un visage et un corps dont les bras sont ouverts, donnés mais non figés dans leurs ouvertures… Et ce visage a un visage et un corps dans tous les corps et les visages que je rencontre ; un regard qui vient de loin, de plus loin que moi, que toi, que tout… Il vient, il me creuse, il m’ouvre à l’infini, il me fait perdre mes limites, c’est bien la mort pour « moi » et c’est bien davantage…Je n’ai plus de mots pour le dire.

Crédit photo©Catherine Arto

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