De qui sommes-nous les otages ?

Il y a des Israéliens otages du Hamas, il y a aussi des palestiniens otages du Hamas ; les hôpitaux et les écoles de Gaza sont otages des casernes et de leurs réserves d’armes cachées dans leurs fondations. Il y a la ville de surface avec ses femmes et ses enfants otages de la ville souterraine avec ses bombes et ses soldats.

Il y a les membres du Hamas ou du Jihad islamique, otages de leurs idéologies, de leurs représentations de l’autre comme ennemi ou infidèle et d’eux-mêmes comme élus et martyrs. Cette idéologie se retrouve également chez certains sionistes, chez des russes, des ukrainiens, ultranationalistes et extrémistes, tous ceux qui s’approprient une terre et en font leurs territoires.

Qui n’est pas otage des informations partiales ou partielles que nous transmettent les médias ?

Qui n’est pas otage du climat et de ses débordements de violence, tsunami, ouragan, canicule, inondations…

Qui n’est pas otage de son propre corps, quand il se paralyse, se décompose, nous torture de différentes façons, quelques soient nos efforts pour le guérir, le sauver ?

Ne sommes-nous pas tous otages de la mort, plus ou moins bien traités, dans les caves et les recoins d’un espace que nous avons à peine exploré.

Quel prix faut-il payer pour libérer un otage ?

Qu’on le veuille ou non, nous serons tous exécutés par le temps.

De qui sommes-nous les otages ?

Otages de nos pulsions, de nos passions, de nos pensées, de nos croyances, de l’image de la représentation que nous avons de nous-mêmes, de l’autre et de l’humanité ?

C’est de cette représentation, de cette image, de cette idée, de cette idéologie perverse et criminelle dont nous sommes les otages, dont il faut d’abord se libérer pour libérer les autres otages.

Comment ?

Demandez-le à ce lieu de vous-même, où vous êtes sans représentations, sans pensees, sans images, sans idéologies, sans identifications au corps, à la souffrance, à la mort ; demandez-le à ce qui en vous demeure calme et silencieux comme le fond de l’océan au cœur de la tempête…

Ce n’est pas seulement un ange qui passe ; un dieu qui nous console, c’est notre réalité profonde et libre qui ne sera jamais l’otage de personne, d’aucun terrorisme, d’aucun climat, d’aucune « mort annoncée ».

Cet espace calme et silencieux que nous sommes « dans le fond » demeure insaisissable.

Pourtant, c’est à partir de ce silence, de cet insaisissable que nous pouvons tout reconstruire.

Mais « il n’existe pas ! », préciseront certains ; mais oui ! comme la lumière il n’est pas visible, nous ne pouvons pas l’avoir. Il est la Source de tout ce qui apparaît et existe, de tout ce qui « peux » exister !

La paix comme l’être humain, n’est pas un être mais un « peut-être. »

Peut-être, pourrions-nous cesser d’être les otages des uns des autres, nous libérer de nos volontés de domination et de puissance ?

Pour devenir quoi ?

Vous êtes tous devins, alors devinez !

N’avons-nous pas d’autres raisons de vivre et de donner la vie, que de tuer celle des autres ?

Jean Yves Leloup

Cf. « Le philosophe et le djihadiste » ed. du Chatelet

Crédit photo ©Jean-Yves Leloup

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