TRADUITES ET COMMENTÉES PAR JEAN-YVES LELOUP

Aimer ou ne pas aimer, là est la question. Mais de quel amour parlons-nous ? Y aurait-il un amour pervers et un autre divin ? Un amour qui serait en nous comme un « diable ›› et un autre qui nous viendrait de Dieu ? Pour l’auteur des Épîtres de Jean, c’est le Logos lui même qui parle et agit dans le corps de Yeshoua et révèle l’Amour qu’ll est. Ce Logos dénonce le monde dans lequel nous vivons, le monde de nos pensées et de nos convoitises ; mais, en même temps, il n’a de cesse de le sauver, car ce monde est habité par une intelligence et un désir qui l’ouvrent et plus grand que lui. C’est vers cette réalité que Jean-Yves Leloup, à la suite de Yohanan, « le disciple bien-aimé ››, nous invite. Comme dans ses précédentes traductions et interprétations du corpus johannique – L’Évangile de Jean et Le Livre de l’Apocalypse -, il nous fait éprouver le goût d’infini, les saveurs originelles et toujours d’actualité du premier christianisme.

Lecture de Michel Cazenave  des Epîtres de Jean

« JE SUIS LA VÉRITÉ »

« On connaissait déjà tout l’attachement de Jean-Yves Leloup à la « pensée » et aux écrits de celui que, dans notre tradition, nous appelons saint Jean l’Evangéliste (encore que, aujourd’hui, et devant tous les progrès de notre connaissance, nous ayons tendance à poser qu’il ne s’agissait certes pas d’un personnage unique, mais beaucoup plus d’une communauté ecclésiale qui se réclamait de celui, tout de même, qui l’avait fondée). Est-ce pour rien, de ce point de vue, que l’auteur s’était jusqu’ici attaché à traduire (et de quelle façon ! En rendant aux textes toute leur profondeur, toute leur clarté et toute leur poésie), le « Quatrième Evangile » et les visions de l’ « Apocalypse » – en rendant à ce mot sa signification véritable.

Nous ne sommes donc pas étonnés de le voir aujourd’hui traduire à nouveaux frais ce que nous connaissons comme les « Epîtres de Jean », qui, au-delà des Evangiles, me semblent être, avec les Lettres de Paul, le cœur du « Nouveau Testament ».

Et, tout de suite, une première surprise et un premier contentement : par delà les conventions trop bien établies, lire les mots selon leur vrai sens. Ainsi du « diabolos », où il est trop souvent fait la méprise de « celui qui divise » – comme si « dia » voulait dire deux – alors que « diabolos » veut d’abord dire « celui qui vient à la traverse », renvoyant peu ou prou à la signification première du « Saïtan » de l’ « Ancien Testament » : voyez l’épisode de l’âne de Bileam !

Seconde surprise (ou faudrait-il simplement dire : second plaisir éprouvé ?) : le rappel, dans les Commentaires écrits par l’auteur, de toute sa connaissance des textes anciens. Ainsi, dans le renvoi à I, Jean, 3, 17,

(« Si quelqu’un jouissant des biens

De ce monde

Voit son frère dans le besoin

Et lui ferme ses entrailles,

Comment l’Amour de YHWH/Dieu

Demeurerait-il en lui ? »),

Jean-Yves Leloup d’écrire : «  « Fermer ses entrailles » – « fermer sa matrice », traduirait Chouraqui – c’est manquer de cette forme d’amour qu’on appelle « la compassion » (…) Rien n’est grave si ce n’est de perdre l’amour, on perd alors en même temps notre humanité et particulièrement sa dimension féminine qui s’attendrit plus qu’elle ne raisonne. » Il connaît donc Chouraqui, et son rappel de ce que, ce que nous avons l’habitude de voir rendu par un « Dieu de miséricorde », s’appuyait d’une vieille racine protosémitique RHM qui désignait tout proprement la matrice ! Ce qui nous introduit à une dimension féminine de la manifestation de « Dieu », enracinée dans l’un des chapitres du « Livre des Proverbes », sur laquelle auront réfléchi à l’infini les textes de la Cabale…

Car tout, dans ces « Epîtres de Jean », nous parle de la puissance de l’Amour, de cet Amour en soi divin qui nous transporte au-delà du monde tout en voulant le sauver.

Alors, oui, un grand merci à Jean-Yves Leloup de nous faire de la sorte redécouvrir des « Lettres » que nous avions tant lues et relues sans toujours bien nous rendre compte de ce qu’elles délivraient au plus profond de notre cœur ! »

Lecture de Michel Cazenave, blog : Le monde des religions.fr, publié le 26/08/2014