On dit que les oiseaux se cachent pour mourir. Où se cachent-ils ? Ce matin, il était là, dans ma chambre, immobile, d’une immobilité de moins en moins frémissante. Seulement ses petits yeux qui s’ouvrent et qui se ferment, et à chaque fois, c’est un éclair, un je ne sais quoi, de fugace où l’invisible se fait presque visible. Je pense à ma mère qui meurt actuellement, seule, confinée, dans son ehpad, elle aussi, immobile dans son lit, avec ses yeux qui s’ouvrent à peine, et se ferment longtemps… Quand ils s’ouvrent, il y a aussi cet éclat d’une lumière qui vient d’on ne sait où, qui nous regarde brièvement, et cet éclair suffit pour nous avouer que malgré toute une vie d’incompréhension, elle nous aime et nous pardonne. Pourquoi aimons-nous si mal ceux que nous aimons ? Faut-il que l’oiseau meure pour le sortir de sa cage ? Faut-il attendre de mourir, pour que le cœur s’ouvre, déploie ses ailes, aime enfin ? L’oiseau est toujours immobile dans ma chambre. Maintenant il a fermé les yeux, il ne voit plus qu’à l’intérieur : Un ciel sans fond, un soleil invisible.
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