« Ce dont on ne peut pas parler il faut le taire » disait Ludwig Wittgenstein.
C’est une gageure, en effet, de parler de l’insaisissable, de parler de ce que l’on ne peut pas dire, mieux vaudrait sans doute garder le silence.
Et pourtant, dire qu’il y a de l’insaisissable en nous, en toute chose et en tout événement, c’est dire qu’il y a de l’imprévisible, de l’inconnu ou de la grâce, que rien n’est totalement enfermé dans ce que nous pouvons en saisir et en comprendre.
C’est rappeler que nous n’avons pas la maîtrise du temps, de la maladie et de la mort.
On ne peut pas saisir entre nos mains de l’eau vive, de l’eau courante, elle est insaisissable ; la saisir, la garder, c’est la rendre stagnante, ce n’est plus du réel vivant.
Tout ce qui est vivant est insaisissable, les virus particulièrement, par leurs innombrables mutations se renouvellent sans cesse, ils nous échappent toujours, et cela peut être ressenti comme une humiliation pour notre raison, pour notre science et ses capacités réduites à saisir le réel.
Ce n’est pas le réel que nous saisissons et dont nous parlons, c’est des limites de nos instruments de connaissance et de ce qu’ils peuvent contenir.
Ce qu’il y a d’insaisissable, d’indicible dans le réel est comparable à l’immensité de l’océan, et ce que nous pouvons dire est comparable à la vague que nous voyons, à son écume, et à ce petit espace où nous prenons notre bain.
Dire qu’il y a de l’insaisissable, c’est nous rappeler la place infime que nous tenons dans l’infini de l’univers.
« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire », il faut peut-être aussi l’écrire, mieux encore, ce dont on ne peut pas parler il faut le faire…
Il y a tant de chose à faire en silence ou en chantant, ma parole et mon chant ressemblent plutôt aux cris de la mouette…La mouette familière des immondices et du grand large…
Mieux vaut être mouette que muet.
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