Revue Phréatique

1. Révérence à ton seuil
O désir, fils majeur
D’un Dieu débordant

II. Comme j’aimerais que le mot oraison
Vienne d’orée
Prier serait alors se tenir
Sur le seuil…

Elie enveloppé du « silence d’un souffle subtil »
Se tient dans l’ouverture de la grotte ;
Comme si Dieu ne se rencontrait qu’au bord,
A la limite,
D’un homme ou d’un monde…

Ne pas franchir le seuil
Au-delà c’est encore le Même
Ici seulement, à l’orée,
L’Autre est tenu, ou bien l’Ailleurs
Point inaccessible où se rencontrent les regards…
Pierre levée
Aurore qui dure
Qui une fois au ciel
Vient à ma rencontre

III. Grégoire de Nysse disait à propos d’Abraham :
« Le signe qu’il est dans la vérité
C’est qu’il ne sait pas où il va »

S’il savait
Il ne serait que dans l’espace-temps
Frontalier peut-être
Mais n’ayant pas atteint le seuil :
La Pâque.
(Pessah – le saut
vaste et resserré
passage
du psychique au spirituel)

qui fréquente les orées
aura son souper de vent :

« Ecoute…
tu ne sais d’où il vient, ni où il va,
ainsi en est-il de tout homme
qui est né de l ‘Esprit. »

IV. « Aller de commencement en commencement
vers des commencements qui n’ont jamais de fin »
chante encore l’éros grégorien !

se tenir volontairement sur le seuil
avec des mains presque nues de raisons
informées par l’Instant.

Orée de ce qui nous engendre
Souffle – étincelle
Dont nous sommes les inutiles reposoirs.

V. Arrive
Au sommet de la montagne
Regarde le seuil
Il ne t’arrête pas

rien ne t’arrête
et pourtant tu demeures immobile

Jean-Yves Leloup