Terre blanche, 1992 (épuisé)

« Nous sommes pèlerins, en marche, « en chemin, vers quel éveil » ? De passage sur la terre il nous faut découvrir le sens de cette marche et de cette fatigue qui parfois nous assaille, à tel ou tel tournant. Peut-être sommes-nous déçus par les mots, ils nous font miroiter un trésor, il est à notre portée et en même temps on ne peut l’atteindre.   Le pèlerin allait d’église en église, de sermons en sermons, de conférences en conférences. On lui a bien précisé que Dieu était lumière, claire, pure lumière et que connaître Dieu c’est s’éveiller à cette lumière « qui éclaire  tout homme venant en ce monde ». Bien, « mais je ne vois pas clair, l’esprit est embrouillé, le mental agité,comment connaître la vraie lumière ? » On lui a bien répété que Dieu était Amour, Trinité, Relation de personne,sans confusion, sans séparation et que « Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui ». C’est magnifique, splendide, il suffit d’aimer… Mais « comment » aimer ? J’ai le mot amour sur les lèvres, je n’en ai pas le goût dans le coeur, je ne supporte pas mon voisin, j’aime ceux qui m’aiment sans doute, mais ceux qui me calomnient ? Ceux qui ne me prêtent nulle attention ? Aimer ses ennemies, oui, être amour comme l’émeraude est verte, faire « briller son soleil sur les bons comme sur les méchants » oui, mais comment ? »

(extrait du livre)